Tout d'abord, un grand Merci à tous ceux qui ont réagi à ma " réapparition", en demandant de mes nouvelles, ce qui m'a touché, mais aussi , en montrant un réel plaisir au redémarrage de " Maltager", ce qui m'a encore plus touché, car je pensais que ce blog avait disparu sans laisser de trace chez ses lecteurs.
Voilà qui m'encourage à renouer le fil, et à améliorer ce contact, en introduisant plus de variété dans son contenu, sans toutefois tomber les contraintes d'un plan rigide...
EPHEMERIDES :
Nous sommes donc en 2016, déjà mangée d'un mois. Je note quelques dates -anniversaires :
- Aujourd'hui même, 6 février, renvoie à 2 souvenirs tragiques : celui de 6 février 1934, avec la fusillade qui, sur la Place de la Concorde, fit de nombreuses victimes; et celui du 6 février 1945, qui vit l'exécution d'un écrivain-poète de 36 ans, Robert Brasillach : je renvoie aux livres d'Histoire, du moins aux études d'historiens consciencieux, aptes à se dégager de leurs propres convictions. La première des deux dates eut d'énormes conséquences politiques; la deuxième fut précédée d'une dramatique controverse entre intellectuels de tous bords, partagés entre ceux qui signaient une demande de Grâce et ceux qui s'y refusaient. les deux listes, qu'on le sache, réservent quelques surprises.
- Mais, pour ceux qui ont encore " l'Algérie au coeur", et pour les Algérois en particulier, comment ne pas rappeler la date du 6 février 1956, qui les vit gagner une bataille, en un étrange mélange de colère et de bonne humeur, grisés par ce qui s'était passé sur place 4 jours auparavant, avec le départ triomphal de Jacques Soustelle: ils réalisaient qu'ils étaient une FOULE, et que celle-ci affirmait leur existence à la face du Monde. Ces Journées-là auraient pu marquer la Naissance d'un Peuple...s'ils n'avaient été mûs par la seule volonté d'être des français comme les autres...Mais, il y .avait déjà de la vaillance, et un certain panache. Et déjà, Alger défiait Paris. Sur le moment, personne n'avait vu la contradiction interne, surréaliste, entre les deux aspects de cette "révolte des tomates".
Mais, 2016 va voir deux centenaires, également tragiques :
- L' un va marquer le Jour de Pâques. "Pâques sanglantes à Dublin". C'est important pour l' Histoire européenne, donc pour nous. Il nous faudra être attentif à ce qui se passera ce jour-là dans la capitale irlandaise, sans doute au milieu d'une grande foule...La vie de notre continent est soumise à nombre de soubresauts, et une commémoration de cette importance ne peut pas être une simple manifestation de souvenirs consensuels telles les commémorations du débarquement du 6 juin 1944.
- l' autre nous touchera directement, du moins je l'espère : le 1er décembre, il y aura 100 ans que le Père Charles de Foucauld tombait sous les coups de ses assassins , à Tamamrasset. Le Père a été déclaré "Bienheureux". J'ose espérer que son martyre ne sera pas passé sous silence, ou, pire, dénaturé par la désinformation ambiante.
NOTES DE LECTURE :
Je viens de lire un ouvrage passionnant : " Les Conquérants du monde ancien" , de Pierre-B Décaillet. Sous-titré : " Chroniques des premiers migrants européens en Afrique du Nord, 1814 - 1912 ". On va dire : "encore un livre de souvenirs familiaux de gens d'Algérie ? ". Je pourrais déjà rétorquer : "Oui, et alors ?..;". Mais, ce livre a plus d'une originalité, dans sa conception comme dans sa présentation. Servies par un style remarquablement fluide, ce sont des vies à la base totalement étrangères les unes aux autres qui, un jour, vont se rencontrer. C'est aussi une histoire qui commence bien avant l'arrivée de la flotte française devant Sidi-Ferruch, nous offrant un tableau riche en couleurs - mais sans sombrer dans l'exotisme de bazar - de la " Régence d'Alger", ce qui est peu courant dans le genre... Au fil du temps, l'environnement historique va prendre place dans le récit, documents à l'appui, et certaines considérations seront de nature à faire réfléchir...J'en veux pour preuve le jugement acéré sur la politique - ou plutôt, l'absence de politique - française pour sa conquête, jugement qui trouve son sommet avec celui porté sur l'énorme erreur commise par Napoléon III voulant créer un royaume arabe dont il serait le Souverain et Protecteur. Comment, lit-on, accumuler autant d'âneries en si peu de phrases ? Erreur sur "l'arabité" de toute l'Algérie, pays berbère et kabyle; erreur de penser que les "arabes" - en fait , les musulmans, accepteraient d' être dans"leur royaume " les sujets d'un Prince chrétien ? Enfin, le comble du contre-sens, leur proposer de "choisir" la loi civile française, choix qui leur ferait encourir la peine de mort chez eux...alors, que "forcés" par un texte ne leur laissant aucun choix, une telle solution aurait pu être tentée...etc, etc...
Il y a donc beaucoup à retirer de ce livre de grande qualité, qui se lit avec passion, même si je n'apprécie pas trop, vers la fin, les jugements réducteurs, d'une sommaire récusation qui relève d'une époque révolue, portés par l'auteur sur le catholicisme, lui-même étant, après avoir été longtemps catholique, retourné au protestantisme de ses ancêtres. Mais, cette réserve toute personnelle mise à part, il s'agit d'un excellent livre.