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17 décembre 2016 6 17 /12 /décembre /2016 08:42

L' Université d'Alger - et dans ses composantes, la Faculté de droit - voit donc officiellement le jour en 1909.  Il sera bon ici de rappeler qu'en cette 1ère décennie du XX° siècle, l'Algérie française " PREND FORME " sous différents aspects culturels: la Littérature vient de voir éclore le fameux " Sang des races" de Louis Bertrand,roman-culte et véritable étude sociologique,  et voit être publiés les premiers romans du "cycle algérien" de Robert Randau ( "Les Colons", "Les Algérianistes" ); les Arts plastiques  - Peinture et Sculpture - se dégagent de l'Orientalisme avec la création de la Villa Abd-el-Tif en tant que lieu d'activités artistiques inspirées de la célèbre Villa Médicis de Rome. Sur le plan musical, l'Opéra est sorti, notamment à Alger et Oran, des petits programmes, pour se mettre au diapason des Grandes Scènes de France...Il y a donc un véritable bouillonnement culturel sur le territoire de cette " autre France ", qui est justement à la fois " France "' et " Autre"... N'oublions donc pas ce contexte, même en prenant le chemin de cette Université toute neuve qui dresse son fronton néo-classique en haut des jardins qui s'élèvent en gradins exotiques au-dessus de la rue Michelet, se découpant dans le bleu profond du ciel comme une Acropole.. 

Mais ceci ne s'est pas opéré par un coup de baguette magique. Et s'il y a eu "naissance", cet événement fut bien plus le produit d'une consécration administrative qu'une création absolue. Et cette naissance a été précédée d'une longue gestation, souvent difficile et parfois douloureuse. Elle a tout d'abord été liée aux contre-coups et autres atermoiements marquant les incertitudes quant au sort de l'Algérie. Elle a eu à faire face aux difficultés inhérentes au pays, ainsi qu'au scepticisme ambiant, de part et d'autre de la Méditerranée. Elle s'est heurtée aux problèmes budgétaires, elle a été écartelée entre les tenants d'un Jacobinisme absolu et ceux  qui voulaient mettre l'accent sur la seule spécificité algérienne.Elle a eu  enfin et surtout à surmonter les problèmes humains, dans sa tentative généreuse, qui s'est de suite fait jour, de réunir et former des populations d'origines très diverses, aux modes de vie différents, pour ne pas dire: antagonistes.  

Et pourtant, l'idée, lancée sur le terrain, fit son chemin, cahin-caha. Parce qu'elle avait pris d'emblée racine dans le Réel. Les tâtonnements purent faire grincer des dents, les fausses routes, faire sourire les donneurs-de-leçons. L'Enseignement supérieur en Algérie fut cet embryon  qui s'accrocha à la vie. Coûte que coûte.Et qui parvint à terme. 

Le but de ces articles se limitant, comme déjà indiqué, à "l'ouverture de pistes", il ne sera pas question d'entrer dans les détails d'une aventure à rebondissements multiples, d'autant plus qu'il faudrait , surtout pour les premières décennies, déborder hors du cadre des études juridiques, l'enseignement supérieur dans l'Algérie des débuts jusqu"à l'institution officielle d' ECOLES distinctes ( Droit, Médecine, etc...) préfigurant les Facultés futures, traitant de façon groupée toutes les disciplines, dont la première à émerger fut la Médecine.

C'est par la Médecine - à l'indéniable priorité humanitaire en même temps qu'humaniste, que tout commença.  L'ouvrage célébrant le cinquantième anniversaire de l' Université mentionne dans son introduction  que " dès l'origine, l'Enseignement Supérieur algérien prit un caractère régionaliste et utilitaire qui allait se perpétuer à travers toutes les vicissitudes de l'Histoire algérienne";

Et c'est pour les besoins de la médecine que se dispensa d'emblée l'enseignement de la langue arabe, officialisé dès le 17 janvier 1837 dans le cadre d'un cours élémentaire, destiné d'une part à mieux connaître les populations locales, d'autre part, à se faire connaître d'elles. ( déclaration de l'orientaliste Bresnier, lors de l'inauguration de ce cours ).

Ce cours sera institué dès 1846 à  Constantine, puis Oran.

En 1848, l'Algérie fut érigée en Académie ( Arrêté du 7 septembre ), alors même que le nombre d'Académies de la métropole était ramené  de 27 à 19.

En 1850, les Médersas de Constantine, d'Alger et de Tlemcen, furent réorganisées dans le but d'ouvrir des écoles de droit supérieur musulman destinées à la formation de candidats aux emplois du culte, de la justice et de l'instruction publique.

Le début des années 70 vit s'amplifier les débat et controverses sur le fonctionnement de l'Enseignement supérieur en Algérie. Un Jules Duvaux, député de Nancy et futur ministre de l'instruction publique, voulait une assimilation totale de cet enseignement  à celui de la métropole. S' y opposa Paul Bert, qui voulait instituer en Algérie un enseignement supérieur laissant une large place à l'histoire algérienne, à l'archéologie algérienne, et aux langues et dialectes parlés en Algérie.Cela dans une future Faculté des Lettres. Quant au Droit, il voulait instituer de chaires nouvelles sur les coutumes algériennes " tenant compte de la situation complexe d'un pays où se trouvent en permanence des races et des nationalités diverses. Et tout cela, sans toucher aux chaires fondamentales qui constituent l'essence même de la Faculté, c'est-à-dire les chaires de licence et de doctorat".

 

Tout cela aboutit à un texte qui allait faire date, puisque mettant en place un système qui  déboucherait plus tard sur la création de l'  Université d'Alger. Il s'agit de la Loi du 20 décembre 1879. 

 

Pour ne pas alourdir ces développements, cette loi fera l'objet d'une prochaine mise à jour.

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11 décembre 2016 7 11 /12 /décembre /2016 15:54

LE PERSONNEL ENSEIGNANT :

En suivant un ordre hiérarchique, on trouve au sommet

1 - les Titulaires d'une Chaire, qui sont les seuls  à porter le titre de  PROFESSEUR au sens plein du terme. Il y a eu ainsi, entre 1909 et 1959 , 25 Chaires, dont 5 consacrées spécialement aux disciplines intéressant l'Afrique du Nord. Leur énumération complète dépasserait le stade de ce blog. On se contentera de dire qu'elles étaient, en ce qui concerne les disciplines " générales", regroupées en "sections" : 

- Section Historique

- Section Droit Privé

- Section Droit Public

- Section Economique

 

Les Chaires spécialisées dans les disciplines intéressant l'AFN étaient :

- Législation algérienne ( depuis 1910 )

- Droit musulman ( depuis 1910 )

- Droit et Sciences coloniales ( depuis 1942 )  devenue, par arrêté du 7 avril 1959 : Droit et Economie d'Outre-Mer .

- Sociologie nord-africaine ( depuis 1945 )

- Economie algérienne ( depuis 1953 )  devenue, par arrêté  du 7 avril 1959 !: Economie algérienne et saharienne .

 

2 - les Agrégés .  Ils ont les mêmes diplômes que les titulaires de chaires, mais ne sont pas ( pas encore ) titulaires d'une chaire à eux attachée .

 

3 - les Chargés de Cours.  Ils n'ont pas encore passé (ou passé avec succès) le concours d'agrégation. Mais ils sont déjà docteurs en droit.

 

4 - les Assistants. C'est là la première marche du " cursus" professoral, le statut initial de ceux qui se destinent (en principe ) à l'agrégation.  En général, à Alger, à cette époque, ils sont au stade du doctorat, en préparation de thèse.

j'ajouterai, pour la petite histoire, qu'en raison de l'importance exponentielle prise par les travaux pratiques, suite à la réforme de la Licence en droit entrée en vigueur au début de l'année universitaire 55-56, la création d'une nouvelle fonction, au début de l'année 1960: celle de "Moniteur de Travaux Pratiques". je fus de ceux-là jusqu'à la fin de l'année, qui me vit partir au service militaire.

 

Une donnée chiffrée, pour fixer les idées : 

- Pour l'année universitaire 1909-1910, la 1ère donc de la toute nouvelle Faculté de Droit : 13 enseignants, dont 8 professeurs, 2 agrégés, 3 chargés de cours.

- Au 1er avril 1959 : 39 enseignants, 14 professeurs, 10 agrégés, 6 chargés de cours, 9 assistants.

On le voit, la Faculté de Droit d'Alger, devenue, par décret du 26 août 1957, " Faculté de droit et des sciences économiques ", a vu son personnel enseignant global, tripler en nombre.

Il est vrai que dans les années qui ont précédé le "cinquantenaire", la Faculté, et donc ses enseignants, s'est vue adjoindre  2 "annexes": l'Institut d'études politiques, et l' Institut de préparation aux affaires", créés respectivement en 1949 et 1957.

Parallèlement, avaient été mis en place par la faculté de droit d'Alger, dès 1954, officialisés ensuite par arrêté ministériel du 14 septembre 1956, les Instituts d'études juridiques d' Oran et de Constantine, accueillant les étudiants préparant soit la Capacité en droit, soit le baccalauréat en droit ( correspondant aux 2 premières années des 4 ans de licence).

Une prochaine mise à jours évoquera la période antérieure à la création officielle de la faculté de droit d'Alger,  notamment la place qui était envisagée pour l'étude des "spécificités algériennes ",et fournira quelques données bibliographiques sur cette question, basées sur les études des situations concrètes, et non sur les  a-priori démagogiques.

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10 décembre 2016 6 10 /12 /décembre /2016 17:29
UN REGARD SUR L'UNIVERSITE D'ALGER

Mon but  est de fournir quelques éléments sur le travail effectué par la Faculté de Droit d'Alger en tant qu' université française, sur les matières relevant du droit et des coutumes musulmanes d'Algérie. Cette recherche a été déclenchée en vue d'ouvrir des pistes à des personnes amies qui m'ont interrogé à ce sujet.

Deux mots d'abord sur ma source,et sur les souvenirs qu'elle fait resurgir:

En fin 1959, l'Académie d'Alger a fêté le cinquantenaire de l'Université de notre ville. Je me trouvais alors à Paris pour des recherches dans le cadre d'un 1er projet de thèse de doctorat en droit qui, compte tenu du sujet qui m'avait été suggéré par mon patron de thèse, m'avaient curieusement fait travailler en Sorbonne et non à la Fac de droit ( il s'agissait d'un sujet portant sur l'influence croisée des Jésuites et des Oratoriens, Ordres concurrents en matière d'Enseignement, sur les futures générations révolutionnaires...Thème de science politique plus que de "droit", mais il est vrai que cette matière, enseignée dans un Institut spécifique mais lié à la Fac de droit, venait d'être inscrite au programme des D.E.S.  - diplômes  d'études supérieures de droit, au  niveau du doctorat. Cela témoigne du dynamisme de notre université. A mon grand regret, je n'avais donc pas pu être sur place pour les cérémonies. Regret d'autant plus profond qu'entrée en Fac en novembre 54, et y ayant passé l'essentiel de ma vie depuis ces 5 années à la fois si agitées et si fascinantes, j'envisageais alors une carrière universitaire, via le concours de l'agrégation, que je n'imaginais même pas se dérouler ailleurs qu'à Alger... Cette Fac de droit était devenue mon "lieu géométrique", ma "maison" et ma raison d'être. Quelles qu'aient été les compensations ultérieures, je peux dire, près de 60 ans après, que je ne me suis jamais remis de ce destin manqué. 

Mais, ce "retour sur image" effectué, revenons à notre sujet.

Ce cinquantième anniversaire de l' Université d'Alger a fait l'objet d'un beau volume de 258 pages regorgeant d'illustrations, de schémas, et fourmillant de listes de noms. C'est aujourd'hui une source incontournable de toute documentation précise sur l'histoire, l'organisation et les oeuvres de l'Université d'Alger. Je m'y suis plongé dès cette époque, l'ayant acquis dès mon retour de Paris, en me focalisant bien sûr sur la faculté de Droit. Pourtant je dois reconnaître avoir alors quelque peu lu seulement "en diagonale"(mais l'actualité de l'époque nous dévorait, dans ces lieux d'études, devenus un "Camp retranché"...) une copieuse introduction - de 38 pages -  coincée il est vrai entre les listes des officiels et le corps des descriptifs. Or, elle méritait- et mérite plus que jamais - qu'on l'étudie avec le plus grand soin.  Ce sont en effet, comme son titre l'indique, des "pages d'Histoire". 

Je la découvre aujourd'hui.  "Il n'est  jamais trop tard", n'est-ce pas ?

Ces 38 pages, qu'on aurait pu croire de pure convenance, au-delà même du seul Enseignement, constituent une plongée dans la gestation  chaotique de l'Algérie française, mesurée à l'aune, non de la démagogie, mais du réel, du concret, du quotidien.

Apparaissent ainsi de s^rojets ambitieux mais contrecarrés par des obstacles divers trouvant leur point commun dans la déconsidération assez répandue en France à l'égard du territoire algérien et de ses populations, européens compris, dans ce qu'il faut bien appeler la caractéristique ambivalente de cette Algérie, qui était à la fois un pays "exotique" souvent rebutant et toujours déconcertant, et une "Nouvelle France","juste en face", de l'autre côté de l'horizon méditerranéen.

Il y avait là, dressé sur la voie étroite des bonnes intentions, un Signe de contradiction.

Pourtant, le réel, lui, slalomant entre les obstacles, les ignorant même quand il le fallait, cheminait quotidiennement. Cette Université, qui fêtait ses 50 ans en 1959 comme un défi lancé à un futur épique, ne pouvait oublier qu'elle était née de "balbutiements" qui avaient constitué sa matrice dès les années 70 du siècle précédent, et que pour cela, elle ne s'était pas créée "ex-nihilo". Ce vocable de "cinquantenaire" , raccourci commode pour frapper les esprits, a été en fin de compte un peu "réducteur". C'est bien 30 a,ns qu'il faudrait y ajouter, ne serait-e qu'à titre de gestation, et c'est tout l'intérêt de cette introduction historique à l'ouvrage officiel issu de cette célébration. Après bien  des errements, c'est une Loi du 20 décembre 1879 qui a créé des "Ecoles" d'enseignement supérieur, dont, 30 ans après,  a découlé ensuite l'Université d'Alger.

Et c'est finalement sur une période de 80 ans qu'il faudra se pencher pour entrevoir la mission qui a été accomplie jusqu'à ce cinquantenaire.

Pour en avoir déjà une idée concrète, il est  bon, je pense, de publier ici, à titre d'information sur le renom national et international de l'Université d'Alger, la liste de ses " Docteurs Honoris Causa ". Elle est éloquente.

 

Pour la clarté de l'exposé, une très prochaine mise à jour publiera la listes des enseignants, la liste des enseignements traitant de la spécificité algérienne, ainsi que des indications bibliographiques sur des travaux universitaires sur le statut juridique personnel  des musulmans en Algérie.  

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