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19 novembre 2016 6 19 /11 /novembre /2016 10:30

Je voudrais commencer cette mise à jour de Maltalger par un geste d'amitié un peu particulier envers deux amies - à toutes fins utiles, et pour sourire, je précise que c'est le geste qui est  particulier", pas les amitiés qui me lient à Maïa et à Marie-Jeanne !

Nous sommes tous trois de la même Terre, et donc, avant tout, de la même sensibilité. Nous sommes aussi liés par l'Ecriture, sous toutes ses formes. Maïa et moi avons commis quelques oeuvres, et Marie-Jeanne, inlassablement, par ses écrits aux fins de recension, contribue à l'écriture de tout ce qui se rapporte à ce pays qui nous a vus naître, grandir, aimer et souffrir, ayant partagé  " ce destin magnifique et cruel ", comme dit si bien le Manifeste algérianiste, texte fondateur que nous devons essentiellement à Maurice Calmein, que je salue fraternellement au passage.... 

Or donc, comme on disait autrefois, il se trouve que Maïa a récemment publié son dernier - mais je l'espère, pas son ultime, roman, au titre mystérieux : "  Le papillon ensablé ". Et tout naturellement, comme pour les précédents, Marie-Jeanne s'y est plongée, et en a tiré une recension qui fait pénétrer le lecteur au coeur d'une étrange aventure, qui nous entraîne loin de sentiers battus du récit classique qui a la blessure algérienne pour thème, par, surtout dans sa première partie, qui m'a personnellement fasciné, joue avec l'irréel, pour ne pas dire, avec le surnaturel. J'avancerais bien le terme de " surréalisme " pour en parler, si ce vocable n'avait pas été fréquemment dévoyé par son emploi à tort et à travers.

Mais voilà, cette recension ne paraîtra pas dans le périodique qui aurait du l'accueillir. Et tout cela, pour des raisons étrangères à l'oeuvre et à la personne de Maïa. Et à celle de Marie-Jeanne, bien entendu. Disons, pour garder un "flou artistique" que cette non-publication est un "dommage collatéral"....

Maltalger,cela va de soi, est totalement étranger à cette affaire, mais se trouve solidaire de Maïa: Quand on sait quels obstacles les auteurs de chez nous doivent affronter pour franchir le mur du Silence, le moins que l'on puisse faire, c'est d'accomplir le geste certes symbolique - vu le rayonnement restreint de notre blog - de ne pas contribuer à l'aggravation de ce silence dans nos propres milieux. J'ai donc demandé et obtenu l'accord de Marie-Jeanne pour évoquer sa recension.

 

"  Seule une soeur, ayant partagé le même passé dans une affection fusionnelle, peut comprendre chez sa cadette, les peurs, les hallucinations, séquelles d'un arrachement aux racines. Isabelle, alias Maïsée, jeune femme exilée de son Algérie natale, séjourne en 1977, avec sa soeur Hélène, au bord d l'océan, à Hossegor. L'atmosphère lourde d'angoisse et de mal vécu laisse présager des moments dramatiques..."

Ces moments commencent par un évènement carrément extra-naturel, que décrit Marie-Jeanne, qui va laisser le lecteur s'interroger: s'agit-il d'une vision onirique ? d'une métaphore à portée psychique? Ou bien, d'un basculement de l'histoire dans le domaine du pur fantastique? j'avoue que personnellement, j'ai été, lors de la lecture de ce passage (dès la parution du livre ) intrigué, dérouté, déstabilisé: je ne comprenais pas,et le rationnel en moi exigeait une réponse; mais en même temps, le goût du merveilleux, du fantastique, me faisait gamberger...dans le soleil ! (mais, à la suite de Maïsée, bien sûr ! )

Après avoir mentionné l'existence du mari de Maïsée, ancien Officier d'Indochine et d'Algérie - bigre, j'ai son nom au bout des lèvres...le nom de celui qui, bien réel, a sans doute inspiré le personnage du livre! Mais, Chut ! , Marie-Jeanne évoque la vie d'Hélène, qui elle, se trouve à Noirmoutier. Encore l'océan, n'est-ce pas ? Voilà qui est loin de me déplaire !!!...  

Je reprends le texte de Marie-Jeanne :

" Maïa Alonso traduit dans ses écrits toujours très riches et poétiques, un amour charnel pour sa terre natale. Maïsée dira en désignant Adrien ( son mari ) : "il n'est pas d'ici...il ne pourra jamais aimer mon bled comme je l'aime... Le bled est dans ma chair".  Elle laisse les acteurs énoncer leurs vérités."

Cette dernière annotation de Marie-Jeanne est capitale, et doit permettre au lecteur d'éviter de prêter à l'auteure des sentiments ou positions qui ne sont que ceux de tel ou tel de ses personnages...Sinon, on ne pourrait plus écrire de roman !!! . Et Marie-Jeanne arrive à sa conclusion :

" En promenant ses personnages entre rêve et réalité, l'auteure fouille les âmes, fait vibrer les sentiments, donne l'écho des souffrances.....Avec habileté et une grande sincérité, ce roman évoque avec tact un passé, en partie réussi et gâché, douloureux et dérangeant. Il met l'accent sur le drame psychologique récurrent de l'exil. Ceux qui l'ont vécu s'y reconnaîtront et ne manqueront pas d'en faire partager la lecture".

"Le papillon ensablé" a paru aux Editions d Atlantis. 230 p  22 €.

 

 

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commentaires

M
J'arrive avec un peu de retard sur le blog... Et j'en reste sans voix. Merci cher Ami Pierre de ta solide amitié, de ton courage aussi de l'affirmer, cette amitié. Merci encore à Marie-Jeanne pour sa lecture pleine de sensibilité. Que cette passerelle que tu lances vers d'éventuels lecteurs soit bénéfique ! Avec ma vive affection ! Maïa
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H
Quel titre lyrique et énigmatique. Il donne envie d'aller à la rencontre de l'ouvrage. <br /> Ce qu'en dit Pierre nous y encourage davantage. <br /> Merci à cette résistance de la Mémoire sous toutes ses formes.<br /> Hélène
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R
Salut Pierre ! Samedi prochain 26 novembre, à 15 h 30, conférence à Villeneuve lez Avignon "A la rencontre des Chrétiens d'Orient" par Marie-Lise Blanchard de SOS Chrétiens d'Orient qui revient de Syrie ! Si tu pouvais en parler. Merci !
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M
quel endroit précis, Jean-Pierre ?
M
Merci d'attirer l'attention sur cette dernière oeuvre de Maïa, regrettablement.... censurée.<br /> La nostalgérie, pour nous tous, n'est pas passive.... merci de le rappeler inlassablement !
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