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13 mai 2014 2 13 /05 /mai /2014 19:00

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Vous avez , d'un coup d'aile, franchi les océans, et vous voilà au bout de la nuit, empoignés par le point du jour sur USHUAÏA...vous croyez rêver, mais vos yeux s'ouvrent au soleil renaissant. Tout est mer, tout est ciel. Vous êtes  AU BOUT DU MONDE...

 

 

A Alger, je n'avais jamais pu ne serait-ce qu'imaginer le Cap Horn.  Enfant, mes lectures m'avaient souvent entraîné vers la mythique Islande, à la suite des pêcheurs bretons, sur fond de voiliers perdus en mer. Lycéen rêvant d'horizons, je partageais la passion de mes camarades s'enflammant pour d'improbables virées en moto vers le cap...Nord. En gens du Sud, nous rêvions du Nord !

Disons que pour moi le Cap Horn, là-bas, tout en bas de la carte, c'était plus loin que l' Enfer !

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Je ne pouvais même pas concevoir qu'un soir de 2008, sur l'autre versant de ma vie, je me trouverais face à lui, et de surcroît, par un calme insolent ! le géant dormait, mais nous l'avons abordé avec respect: il aurait suffi d'un impair pour que, d'un grognement, il déchaine les 3 océans auxquels il commande, l'Atlantique, l'Antartique et le Pacifique, nous balayant alors comme fétus de paille ! les  spécialistes, qui sont poètes à leur manière, appellent cela "une fenêtre météo", à l'ouverture imprévisible, et à la fermeture encore plus imprévisible..

 

Mais, comme tous les méditerranéens, je suis "né en Grèce", et je préfère pour un tel lieu une image qui soit une extension de  l'Odyssée..Alors, je m'en tiens à mon image de géant qui dort, à un cyclope des Mers du Sud... .

 

 

L' Odyssée, l'Odyssée ! oui, mais le cap Horn n'est pas le cap Sounion, même par beau temps...Ces terres du bout du monde sont des terres de désolation. C'est même le nom d'une des îles principales de la région. . Ici, le labyrinthe n'a pas d'autre Minotaure que le monstre qui souffle les vents furieux et creuse des houles démentes. Et c'est au bas d'une Olympe de glace que le navigateur se hasarde. Dante Alighieri, qui eut l'idée géniale de faire de l'Enfer un royaume de glace, aurait trouvé en ces lieux concrétisation de sa vision poétique. Ici, Virgile, qui le conduit, s'appelle Lafko, fils de Lafko, comme dans " Qui se souvient des hommes ? "  de Jean Raspail. Et sa barque a 10.000 ans: c'est celle de ses ancêtres .

 

Fascination de la désespérance, de réaliser qu'on n'est rien, entre les eaux de métal gris, les rivages escarpés à la végétation crépue de végétaux de bronze, et les pics blancs      qui précipitent leurs blocs de glace bleue dans un bruit sourd de tremblement de terre...Jamais la Nature ne m'avait autant donné la sensation de l'extranéité de l'être humain...      Ici, dans les parages, au XVI° siècle des découvertes prométhéennes, une ville entière, créée de toutes pièces avec tous les édifices symboles de la puissance de l'homme d'Occident, disparut entièrement, rongée, happée, dissoute par la faim et la soif, dans les affres de la folie auto-destructrice. Et l'endroit est connu aujourd'hui sous le nom de Port-Famine.

 

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Touriste du XXI° siècle, petit homme amolli dans ton confort, toi qui viens en curieux passer en revue ces lieux du haut d'un douzième pont de quelque gros navire de croisière, prend bien garde de ne pas leur manquer de respect ouvertement, de ne pas les narguer avec l'insolence de la bêtise :

 

Rappelle-toi qu'ici les eaux sont profondes et glaciales, que les rochers sous-marins coupent comme des rasoirs, que nulle plage ne te servira de havre, et que tu navigues sur un interminable cimetière  de bateaux engloutis...

 

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Qu'habitent les âmes errantes des marins perdus en mer... 

 

 

 en mer

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Et encore, les images ci-dessus ont été prises au début d'un mois de février, donc de l'été austral....Que dire alors de l'hiver en Patagonie ?  Ce voyage vers l' hiver du bout du monde, l'atelier Fol'Fer vous l'offre, avec la publication d'un roman-récit, où la réalité affleure toujours sous la fiction, et où la fiction est si vraisemblable qu'on la perçoit comme une réalité....le titre est tout un programme, annonçant si j'ose dire, la couleur:

 

"UN HIVER EN PATAGONIE". Sous la signature d'un écrivain-baroudeur...à moins que ce ne soit un Baroudeur-écrivain :  Hervé Haon. voyez  son visage en 4° de couverture, et vous comprendrez qu'il ne s'agit pas d'un Intello-Bobo...

 

 

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        Ne vous attendez donc pas à un itinéraire sentimental. Je vous laisse aussi la surprise d'un gros détour par ...l'AFRIQUE, et par d'autres contrées d'Amérique du Sud. Un récit haletant, tonique, plein de sueur et de tension.

Avec ça, de fulgurantes " échappées " vers des considérations très actuelles sur la tyrannie contemporaine, faite d'asservissement des esprits amollis, par le relais de "modes" débilitantes . Au passage, " l'art contemporain" prend quelques claques retentissantes, qui sont plutôt des uppercuts ! JUBILATOIRE !!!  De quoi remplir votre esprit d'un grand coup de vent du large... Pour un " Eté en Force ", pour parler comme Robert Randau, le Père de l'Algérianisme ( qui parlait de " Journées en force ").

 

Une prochaine fois, nous poursuivrons notre "promenade" en Patagonie en nous rendant dans ma bibliothèque...

 

 

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commentaires

G
<br /> Pour ceux qui ont perdu leurs rivages, cette évocation fait rêver. Face à une nature sans concession mais tellement pure, on ne peut qu'être emporté par son souffle exaltant. Merci à Pierre pour<br /> ce texte et ces images.<br /> <br /> <br /> M.J<br />
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M
<br /> D'abord, la mise en page est très agréable. Les illustrations, éloquentes. On embarque : le voyage peut commencer. Pour ma part, je me trouve également en compagnie d'Hervé Haon, dont j'ai acheté<br /> le livre, séduite par le titre - toujours cet attrait mythique de quelques uns pour la Patagonie... quand j'aurai terminé, je ferai part de mon sentiment...<br />
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