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7 octobre 2014 2 07 /10 /octobre /2014 18:04

Je suis penché sur mes souvenirs...Temps de mémoire mais aussi, temps d'Attente, de réflexion. Celle-ci m'est facilitée par l'arrêt définitif de mon ordinateur, assorti de la perte de mes fichiers des 6 derniers mois...et de pas mal d'autres, que je n'avais pas pris garde de sauvegarder. Dans une dizaine de jours, viendra le remplaçant, qui nécessitera évidemment un temps d'adaptation.

J'ai une date en tête aujourd'hui, qui a des résonances diverses: en cette Fête du Rosaire, c'est la bataille navale victorieuse qui s' est déroulée à LEPANTE en 1571, qui s'imprime en lettres de feu chez ceux qui, envers et contre tout - et contre tous - se souviennent de leur identité historique. Dans cet affrontement - une des plus grandes batailles navales de tous les temps - qui opposa les flottes de l'Occident chrétien et Turques, brillent quelques noms fameux : le grand Pape Saint Pie V, l'archiduc d'Autriche Juan, Miguel de Cervantès....Et je me plais à rappeler la présence active de la galère amirale de l'Ordre de Malte, pour " la deuxième manche", peut-on dire, 6 ans après le Grand Siège subi par l'archipel de Malte.

Mais, je laisse bien volontiers la place aux historiens, ainsi qu'aux sites de diffusion, tel celui du " salon beige", dans son excellente rubrique d'éphémèrides quotidiennes.

 

Je vais, moi, vous parler....d'Opéra, mais plus encore, du temps de l'enfance. Et, pour ne pas faire de redite, je vais vous renvoyer à la rubrique " opéra " de ce blog, tout particulièrement consacrée à Irène Jaumillot.  Irène nous a quittés le 7 octobre 1994.  Il y a donc 20 ans aujourd'hui.  Son souvenir m'habite, soulevant en moi trop d'images, de sons, de couleurs, de senteurs, de lumière, d'enchantement, pour ne pas me paralyser dans mon évocation. Nous avons grandi sur le même palier de notre immeuble, au dernier étage, juste sous la terrasse. Nous y avons joué, nous nous y sommes chamaillés, trop proches l'un de l'autre pour ne pas avoir ressenti les émois de l'adolescence, mais trop proches aussi pour ne pas nous être côtoyés à la façon d'un frère et d'une soeur...Et nous avons par-dessus tout été plongés dans une relation fusionnelle sous le signe de l'Opéra, celui d'Alger, que nous avons tant fréquenté ensemble, mais aussi par ses prolongements ultramarins, vers la Métropole et l'Italie, sous le signe des disques...Et je suis passé sans m'en rendre compte au statut d'admirateur et presque d'élève, car Irène, brillamment sortie du Conservatoire d'Alger et partie à la conquête du Conservatoire National de Paris, avait commencé à me donner des rudiments de leçons de chant, que j'acceptais mal, car je trouvais que ça me donnait....un drôle d'accent ! 

 

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Cette superbe photo est extraite du numéro de janvier 1959 d' ALGER-REVUE, dont j'ai eu récemment l'occasion de parler. Irène, qui vient d'être reçue PREMIERE au concours national d'entrée au Conservatoire de Paris, est devenue une gloire de l'Alger lyrique. Tout est soleil dans cette image, tout est Lumière. Du haut de la terrasse de la Mairie, Irène a le port à ses pieds...C'est l'été, l'été de notre Joie de vivre retrouvée, l'été des promesses d'un avenir dans lequel on vient de reprendre confiance. Illusion? certes, mais..." Encore un instant de bonheur ! "

Cette photo nous montre une ville d'Alger, fille de la Grèce antique. Apollinienne. Frisant la perfection méditerranéenne. Mais, les Dieux féroces ne vont pas tarder à engloutir cette terre dans les abysses du Malheur.

 

Mais, le Destin, qui brise les vies et engloutit les Cités ne peut rien contre l'éternelle refus du Néant, qui fait la dignité de la Personne Humaine. Chaque pensée est un acte de résistance. Chaque évocation est une Victoire.  A Dieu, Irène, toujours présente !

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23 septembre 2014 2 23 /09 /septembre /2014 17:52

Passons maintenant à la 3ème revue dénichée au début de ce mois de septembre. On est cette fois en Janvier 1959...Que d'évènements depuis le printemps 1956 !

La Quatrième République avait glissé bizarrement dans les escaliers du Forum après s'être rendue au Monument aux morts d'Alger, officiellement bousculée par la trop grande foule qui se trouvait là un certain mardi 13 mai 1958, mais d'aucuns, bien placés, avaient nettement vu qu'un groupe l'avait entourée comme si de rien n'était, puis fait discrètement un impeccable croc-en-jambe pendant que les algérois, le nez en l'air, regardaient les dossiers administratifs tomber des fenêtres du G.G. Déguisés en infirmiers, ils l'avaient emportèe vers une salle de soins dont on ne la vit pas ressortir. De retour sur l'esplanade, ils purent alors exhiber sur leurs blouses blanches de pimpantes croix de Lorraine...

Leur société ferait par la suite de bonnes affaires, et finirait même par investir dans le lucratif transport funéraire. Elle passerait ainsi à la postérité en équipant le cortège funèbre d'une vieille dame , âgée de 132 ans, mais qui paraissait toujours jeune et pleine d'avenir,  dont les mauvaises langues prétendent qu'ils en auraient abrégé les jours, pour pouvoir, après ce coup d'éclat, aller investir ailleurs, sur d'autres places....

 

Mais, trêve d'échappées imaginaires, assurant, comme on dit , que toute ressemblance avec des personnages ou des situations ayant existé serait purement fortuite !

 

Alors, la réalité, et même l'actualité, c'est qu'en janvier 1959, Alger-Revue célèbre les nouveaux représentants de la Ville à l'Assemblée Nationale. Rencontre qui, là est vraiment un Signe, car nous venons de perdre notre ancien député d'Alger, Homme du 13 Mai et des Barricades qui suivirent, à la fois bien vite et déjà trop tard : PIERRE LAGAILLARDE.

 

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   Alger-Revue nous livre un autre cliché, où l'on  voit Lagaillarde,            entouré d'autres personnalités de la renaissance  algéroise, être        présentés à...Vous m'aurez compris: ce personnage n'est                      pas persona grata dans ce blog.

Il aurait, dirent les témoins, laisssé tomber du haut de Sa Hauteur une des ces phrases banales dont il avait le secret, lourdes de tout le mépris  qu'il nous portait.                                          

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Pierre Lagaillarde, tendu, lui lance comme un regard de défi .

 

 

 

 

 

 

Bon,  le cliché qui suit n'est pas tiré d'un de nos 3 " Alger-revue ", mais je l'insère car il évoque un souvenir heureux, et un très grand "moment" de notre vie algéroise : il rassemble en effet Pierre lagaillarde, Jean Brune et Jacques Laurent, alias Cécil saint-Laurent. Ce dernier est venu découvrir l'Algérie réelle ,et y a consacré un long livre-reportage, sous la houlette de Jean Brune, qui l'a guidé un peu partout, notamment dans l' Ouarsenis. Reconnaissant, Jacques Laurent a dédié son livre, " L'algérie, quand on y est ", à Jean Brune. IL a paru en 1958, et la photo ci-dessous a été prise lors d'une signature à la librairie Dominique, rue Charras, à 2 pas des Facs  

 

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Mais, ce numéro de janvier 1959 ,ne fait pas que présenter la nouvelle représentation de la capitale de l'Algérie française au Parlement national: il est aussi d'une très grande richesse culturelle, dont le sommaire ci-dessous ne fait que donner l'idée. 


on y voit le Président René Coty, en fin de mandat, serrer chaleureusement la main de Mlle Sid-Cara, figure emblématique de la  Nouvelle Algérie Française. ce sera hélas le dernier geste d'estime affectueuse sincère d'un chef de l' Etat français à notre égard.

Mais, vu de maintenant, le sommaire - et plus encore les articles eux-mêmes, présentent la quintessence de ce qu'on réalisait alors en Algérie, sur les plans technologique, scientifique, artistique, et par-dessus tout: humain. Ce qui passait alors pour un prodigieux Bond en avant, grâce à la sécurité retrouvée, à cette Marche vers une Paix juste, avec cette confiance reconquise en un avenir dynamique et fusionnel, avec ce sentiment d'appartenance enracinée dans ce sol fécondé de sueur et de larmes, tout cela résonne aujourd'hui comme un chant du Cygne, une lueur plus intense d'une bougie qui va s'éteindre. Et déjà, si l'on veut bien prendre en compte que ce numéro de janvier 59 avait dû être préparé en décembre 58, on voit qu'il présente l'écho d'un moment de folle espérance, mais que, dès les 1ers jours de la nouvelle année, le doute, comme un serpent venimeux , va s'installer, et creuser son chemin en nous. A juste titre, hélas.

 

Je me demande, en feuilletant les pages de ce simple numéro, si nous avions bien conscience, sur place, chacun plongé dans ses propres activités, de la profusion d'oeuvres, de réalisations, et ce, dans tous les domaines...Ainsi, savions-nous tous, mis à part ceux du monde médical, qu'Alger venait de se doter d'un Centre de transfusion sanguine comptant parmi les plus importants et modernes d'Europe, pris pour modèle par plusieurs pays ? Connaissions-nous les multiples missions de la Croix-Rouge française d'Alger, dont la revue dit elle-même qu'elles étaient " d'un ampleur insoupçonnée ", avec par exemple les " I.V.A.", " Infirmières Visiteuses d'Algérie ", accomplissant un grand pas dans la promotion des femmes musulmanes  ? Comment ne pas rester médusés en relisant l'histoire unique et les fonctions de pointe de " l'Hôpital-Clinique de neuro-chirurgie Barbier-Hugo "?

 

"Alger-Revue " de janiver 1959 évoque tout cela, et bien d'autres choses encore, merveilleussement illustrées, au milieu de nouvelles plus " légères" mais pas moins " signifiantes ", et qui pourraient se retrouver dans tous les coins de l'Algérie d'alors...

Peintures de Sauveur Galliero, pièces de théâtre et spectacles de danse ,par des troupes locales, européennes comme arabo-berbères, textes à portée sociologique ou poétique, reportage mettant en valeur ceux qu'on ne voit jamais: les musiciens de l'orchestre de l'Opéra municipal, sorits pour une fois de leur fosse, activiéts intenses de la radio, et de la toute jeune télévision algéroise....Impossible de tout citer.

 

Mon texte en était là, et je comptais le compléter par des extraits tirés de ces articles riches d'enseignement, assortis d'illustrations éloquentes, évocatrices  d'un univers englouti, lorsqu'il y a 2 jours, mon écran devint noir, comme si un voile de deuil tombait soudain devant moi...Préfiguration de l'escalade sanglante de l'Actualité ?  Le technicien à qui j'ai porté mon appareil, a prosaïquement diagnostiqué une "panne fatale " de son disque dur, épuisé par 7 ans de bons et loyaux services...Il va donc falloir que je cherche un nouvel ordinateur, celui-ci, un simple portable, étant à bout de souffle...

Le pire dans tout cela est la perte de mes fichiers textes et images, quasi certaine, bien que l'on s' efforce d'en récupérer au moins une partie...

Je termine donc prématurément cette déjà longue mise à jour, sur un petit ordi sur lequel je l'avais heureusement copiée...

A BIENTÔT, J'ESPERE. Merci de votre compréhension et de votre fidélité

 

 


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16 septembre 2014 2 16 /09 /septembre /2014 17:23

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Après le numéro de  juin 1955, marqué par la présence en Alger du maréchal...JUIN, voici ce 2° numéro, également objet de mes dernières trouvailles. Là, pas d'évènements saillants, motif à grands reportages photographiques, mais une suite d'activités, qui pourraient nous faire dire, en nous calquanr sur une phrase célèbre :  " Pendant le Terrorisme, la Vie continue...

 

En voici la preuve avec le sommaire de ce numéro :

 

 

 

 

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Prenons par exemple la rubrique des vedettes de passage: on rencontre les grands comédiens Marie Bell et Jean Chevrier, transfuges de la Comédie-Française, fabuleux interprêtes de Racine, venus jouer " Bérénice " dans le cadre des Galas Karsenty; on y croise Bernard Blier, venu nous séduire dans  " Le Mari, la Femme et la Mort ", d'André Roussin. On rit à perdre haleine avec Robert Lamoureux, dans "La manière forte "....

 

Tandis que dans l'immense salle du " Majestic ", ( où j'eus, à peu près à la même époque -  2 ans auparavant - la joie frénétique d'entendre Sidney Bechet, accompagné par la formation jazz New Orleans d' André Reveilloty. A noter qu'en ouverture s'était produit un débutant dégingandé, nommé...Jacques Brel ), la salle   fut enfiévrée sous les rythmes chaloupés de Jacques Hélian et son orchestre... 

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                                                  Jacques  Hélian et sa formation à Alger

 

 

Mais le Sport est aussi présent, avec une compétition dans laquelle hommes et mécaniques sont mis à rude...épreuve ! Il s'agit du célèbre RALLYE ALGER - LE CAP, précurseur homérique du " DAKAR "....

 

Un cliché retient particulièrement mon attention, me rappelant les recherches que j'ai effectuées dans le cadre de la préparation de mon livre " PIEDS-NOIRS et COUS-ROUGES ", qui mettait en évidence maintes similitudes entre  américains et français au fil de leurs épopées respectives. Et je soulignais que l'univers pionnier des Français d'Algérie n'avait rien à envier à celui de leurs - lointains - " cousins " d'Outre-Atlantique. ces derniers avaient surtout bénéficié d'une large couverture cinématographique magnifiant leur oeuvre énergique, chose dont furent privés les nôtres.

 

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 Cette photo des organisateurs du Rallye, prise à l'arrivée à la Colonne-Voirol à Alger, publiée dans ALGER-REVUE de mai-juin 1956, pourrait être tirée d'un film hollywoodien...Qui attendent-ils ? Des coureurs automobiles ou bien James Dean ? Sommes-nous à côté d'Hydra, ou bien à l'est d'Eden ? on pourrait aussi y voir, de gauche à droite, un  cow-boy, un Texas Ranger, et des agents du FBI...

Tout ça nous rappelle, au moment de l'épopée du pétrole saharien que l'Algérie était une sorte d'Amérique de la France...mais ça, n'est-ce pas, c'est une autre histoire!  

 

020.JPG Terminons toutefois sur quelques vues d'Alger, pour rester dans l'esprit de    cette Revue municipale, et retrouver quelques endroits qui furent notre lieu  de vie, et le théâtre de notre Enfance...

la rue Michelet, ce fut surtout pour moi  LA FAC....

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Cette Place de la Grande Poste revient " étrangement " de façon lancinante, lorsque je rêve que je me trouve à ALGER, et dans ces rêves, je m'y trouve TOUJOURS DE NUIT, et à l'endroit précis d'où est pris ce cliché, sauf que je suis au milieu de la chaussée, et non en hauteur. j'ajoute que je viens seulement de découvrir cette photo, mais que mes rêves me reviennent depuis des années...  

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8 septembre 2014 1 08 /09 /septembre /2014 17:31

 

AVERTISSEMENT

Il n'est pas dans mes habitudes de publier des mises à jour à haute cadence, de crainte d'indisposer mes lecteurs, et moi-même n'y trouvant pas mon compte !

Si je reviens vers vous 2 jours à peine après avoir mis en ligne : 

" Quel héritage laissons-nous aux jeunes? ",

assorti de quelques images apaisantes tirées d'un ancien album de voyage, c'est parce qu'il s'est produit un problème technique qui fait qu'au moins un certain nombre d'entre vous, bien qu' abonnés, n'ont pas reçu le mail les informant de la parution de cette mise à jour ...le clou de l'affaire étant que moi-même ne l'ai pas reçu !!!! Et pourtant, celle-ci figure bien sur le site de "maltalger", et j'espère que si vous êtes à nouveau informés de l'édition d'une mise à jour, donc de la présente, ne manquez pas de remonter aux pages précédentes pour découvrir ce  qui a paru sans que vous le sachiez !!!

 

Mais, à quelque chose malheur est bon : hier matin, étant allé faire un rapide tour au petit marché de brocante qui se tient tous les premiers dimanches du mois à Salon,  j'ai fondu comme un oiseau de proie sur un petit stand, tel un albatros sur un banc de crevettes au large de la Terre de Feu. 

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J'ai ainsi mis la main sur une délicieuse peinture inachevée, pleine de poésie, et non signée, qui m'a ramené instantanément sur la Place d'Armes de Blida...Et puis, juste à côté, à l'état neuf, 3 numéros du mensuel  " ALGER - REVUE " ( rarissimes ) des années 1955, 56 et 59. 

Aussitôt feuilletés, j'ai été plongé dans un état second, tant nous avons vécu deux vies, dans deux galaxies à des milliards d'années-Lumière l'une de l'autre: textes, photos en noir et blanc, le tout sur papier glacé...

J'ai fait un gros effort pour ne rien laisser paraître de mon trouble à la marchande, afin de pouvoir quand même négocier, tout en sachant in petto  qu'il n'était pas question que je reparte sans ce qui était déjà MA peinture sur carton, et MES revues...  

 

J'ouvrirai pour vous revue par revue, n'allant pas au-delà de la première dans cet envoi : celle de juin 1955.


Son Sommaire en dit déjà toute la richesse : 

- 4ème Congrès de C.E.F.

- le Ministre de l'Intérieur à Alger

- le Grand Corso de Printemps

- Pèlerinage à La Mecque

- Les embellissements du Champ de Manoeuvre

- l'Art Populaire en Algérie

- A propos de la Foire d'Alger

- Les Arts du Livre

- Jumping 1955

- Les Disques

- Dans le département: Blida, El Affroun et Mouzaïaville

 

 

 

019.JPGMais, le sujet dominant est le premier : le 4ème Congrès National des Associations d' Anciens Combattants du Corps Expéditionnaire Français d'Italie, qui a tenu ses assises à Alger les 28 & 29 mai , sous la présidence effective du Maréchal Alphonse JUIN, avec, à ses côtés, la Maréchale Leclerc...les Anciens de la 2° D.B. ayant rejoint les anciens du C.E.F.

En voici quelques illustrations, au Monument aux Morts, à la Tribune officielle, au bas du Plateau des Glières. Il n'y  en aura pas de la Messe solennelle à la cathédrale, vous devinez pourquoi, ou à cause de qui. 

 

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C'est nous les Africains, qui revenons de loin....

 

Et, que dit le Ministre de l'Intérieur de l'époque ?

 

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Et ne ricanons pas...Après tout, l'issue a bien été  "Française", puisque c'est un Français qui a réglé notre compte ( ou, en langage de Chez Nous : Qui nous a donné le compte.... )

 

Bon, revenons en 1955.... Sur le Port d'Alger, il y a alors 2 activités particulières ; le départ des pèlerins vers La Mecque ( Ah, qu'est-ce que j'ai pu entendre, Là-bas, surtout au lycée, avec ce nom de ville ! les "copains" me disaient:  "  Alors, DIMECH, tu vas à LA MECQUE ???? "...)

 

 

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Et puis, la FOIRE D'ALGER...

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Les SPAHIS.....JACQUES SOUSTELLE.....

 

                  IN   MEMORIAM

 

(   A SUIVRE....  )

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6 septembre 2014 6 06 /09 /septembre /2014 16:07


J'emprunte ce titre à un paragraphe de la livraison de l'excellent site "le Salon Beige" de ce jour, 5 septembre 2014. Il s'agit d'un texte provenant de l'Etranger, puisque traduit par les soins du Salon beige.

 

Nos milieux sont, à juste titre, taraudés  par la nécessité d'une TRANSMISSION aux générations qui nous suivent, et qui bientôt nous remplaceront.  Comme tous ceux qui ont été arrachés à leur terre natale, nous, d'Algérie, lançons désespérement un pont sur l'abîme, pour tenter de ne pas être les derniers d'une lignée, la fin d'une Histoire. Mais, nous ne sommes pas les seuls.

 

Ce que nous cherchons tous à leur léguer, c'est donc tout un Passé, mais aussi, inévitablement, tout ce qui a suivi dans notre vie mouvementée, ballottée par les à-coups de notre Destin. Il y a donc, que nous le voulions ou pas, une partie du temps présent qui colle à l'image que nous cherchons à donner. Et c'est là que la partie devient difficile, très difficile.  

Le texte qui développe le titre ci-dessus dans la page du Salon Beige est à cet égard "décapant", pour ne pas dire : implacable.

 

Il y est écrit que: " Il est courant que les adultes entretiennent des préjugés sur les jeunes dont le comportement est souvent négligent dans leurs études, irrespectueux à la maison, peu disponible et irresponsable. Cependant ils sont affectés par un grand nombre de choses dont les adultes sont les responsables ".

 

Suit alors, avec d'éloquentes précisions, une liste accablante, qui , dans l'ordre de l'article, cite :

 

- Le chômage

- Le manque de solidarité

- L'avarice, la convoitise et le gain

- Le manque de respect dans toutes les classe sociales, culturelles, politiques, éducatives et professionnelles

- Le gaspillage

- Le mépris de la vie humaine

- La déliquescence de la famille

- La marginalisation sociale

 

et l'article conclut  ainsi : " Dans cette situation généralisée, les adultes sont les coupables et le préjudice retombe sur les jeunes..."  et nous demande de prendre en compte nos propres fautes, celles de notre génération.

 

 

En d'autres termes, après l'énumération-aveu de ces fautes et leur prise en compte-repentir (je n'ai pas dit : repentance ), voilà qui a  bien des caractéristiques  d'un PASSAGE AU CONFESSIONNAL. Où l'on devinerait derrière la grille la silhouette blanche du Pape François.

 


  • Mais, ce nécessaire examen de conscience, loin de nous décourager, doit nous permettre de " prendre du recul, sinon de la hauteur ". 

  • Allons ensemble méditer en un lieu qui associe à la Beauté de la Nature, l'élegance de la Civilisation qui s'y est développée, avec une touche de mélancolie virgilienne...

  • Les images qui suivent datent du temps où je me passionnais pour la photo en noir & blanc. Elles ont été prises en août 1969 sur les bords du somptueux LAC DE GARDE, que j'avais découvert en 1957, comme je le raconte dans " L'homme de Malte ". 

 

 

 

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23 août 2014 6 23 /08 /août /2014 11:48

La date fatidique du 15 Août passée, l'année bascule dans la descente vers l'hiver. Pourtant, c'est depuis la fin juin que le jour, discrètement, diminue sa présence. Mais, dans notre mental, le 15 août est une date-charnière. Climatique et psychologique. En Algérie, nous énoncions doctement qu'en France, " après les orages de la mi-août, le temps fraîchit, et l'été est terminé". Cela se vérifiait souvent, lorsque nous étions sur place pour quelque congé, en frissonnant dans les rues de Marseille balayées par le mistral, au moment où nous nous apprêtions à reprendre le bateau dans la bonne direction, pour Alger ou Oran...Là-bas, au moins, on était sûrs de le retrouver, cet été fugueur !

Mais, puisqu'est évoquée la chère Algérie, comment ne pas rappeler que le mois d'août laisse dans notre mémoire la trace sanglante du 20 août 1955 ? Prions, Prions sans cesse pour toutes ces victimes de la barbarie fanatique, celles de ce jour-là, mais aussi celles  qui les ont suivies, jusqu'à aujourd'hui. Jusqu'à James Foley. La nuit, dans le ciel noir, je me prends à voir dans le croissant de lune la lame courbe d'un cimeterre.

 

Bien sûr, pour nos gros médias, le 15 août est essentiellement un "pont" et un lieu d'embouteillages. Passons...mais, j'ai bien envie de dire que pour notre France, c'est aussi une piste d'envol. image hardie par son anachronisme ( conscient et consenti ), pour figurer cette élévation dans l'espace, vers le ciel, ou plutôt vers les cieux, que nous devons au pieux Roi Louis XIII, de par son acte de consécration de sa Personne et de tout son Royaume à la T.S. Vierge Marie en son Assomption, la faisant du même coup sa Patronne et Protectrice.030

Dans notre région provençale, ce jour a été marqué, comme chaque année, par d'importantes processions, notamment à Marseille, à ND de la Garde, et au Barroux, à l'abbaye Ste Madeleine. Je me trouvais pour ma part à quelques centaines de kilomètres de là - et pourtant très proche du Barroux en esprit -  du côté d'Agen, avec les moines de Ste Marie-de-la-Garde, fondation du même Barroux, pour une procession intimiste et très recueillie nous ayant menés dans un bois jouxtant les bâtiments monastiques. Nous étions en plein sud-ouest, mais la lecture par le Père Marc, Prieur, du Voeu de Louis XIII, sous les grands arbres, face à une petite statue de la Vierge, dans un silence abyssal, me renvoya irrésistiblement aux offices célébrés clandestinement par les Chouans...et par leurs successeurs Cristeros.

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Mais, l'actualité nous marqua de son empreinte. Elle nous fit tourner nos regards - et surtout, notre Regard intérieur - vers nos frères d'Orient persécutés. lire à cet égard le beau reportage sur "le 15 août au Barroux" dans "Présent " de ce jour. Et comme on comprend - et comme je partage - le " coup de gueule" d' Alain Sanders, dans le même organe de Presse (du 21 août): " Massacre des chrétiens: on finit de bronzer et on avise...", qui cible le médias de la "grande presse", tout en donnant un coup de chapeau à ...Fabius, pour sa déclaration : "je sais bien que, dans les pays occidentaux, c'est la période des vacances, mais enfin...Quand des gens crèvent, on rentre de vacances.". Le même article diffuse l'action courageuse menée par l'abbé Guy Pagès.

C'est dans le même numéro du 21 août que j'ai eu la triste occasion d'évoquer " à chaud" la mémoire de Pierre Lagaillarde, dont je venais d'apprendre la disparition.  j'espère qu'on en reparlera comme il convient dans notre presse  pied-noire.

 

Nous devons en effet donner un sens à notre peine, en faisant en sorte que ceux qui nous quittent tour à tour ne subissent pas une deuxième mort, qui est celle de l'Oubli. En les évoquant, nous faisons oeuvre de Vie.

Il en est ainsi de ceux qui ont été fauchés dans cette monstrueuse offrande au Moloch qu'a été la Guerre de 14-18. des anonymes aux plus célèbres. Parmi ces derniers, nous pensons à Péguy. Et aussi à Alain-Fournier.

 

Ce dernier me ramène à mon adolescence algéroise, loin, si loin, de la Sologne et de ses brumes ouatées. Mais, la littérature nous faisait alors avoir des ailes nous permettant de franchir l'espace géographique, comme nul " Superman" ne pourra jamais le faire. A l'âge de 10 ans, ne me suis-je pas trouvé, épouvanté et récitant un ultime " Notre-Père" avec mes camarades d'infortune, bloqués par la terrible marée montante sur un îlot perdu d'Armorique en passe d'être submergé par la tempête, qu'on appelait " La roche aux mouettes " ? 

 

On me pardonnera donc, de citer à nouveau notre compatriote Alain Sanders qui, dans "Présent" du 22 août, signe une brillante, et plus encore, émouvante, page sur Alain-Fournier, qui vit en nous à travers son inoubliable " Grand Meaulnes " ! Dès les premières lignes, le ton est donné :

" Il est, on le sait, l'auteur d'un livre magique, Le grand Meaulnes. Et nous sommes quelques-uns pour qui, sinon la vie, du moins la façon de voir la vie, changea quand, un jour de nos 11 ans, nous ouvrîmes ce livre et en lûmes la première phrase : "Il arriva chez nous un dimanche de novembre 189..."

 

Puis, portant un regard à la fois lucide et tendre sur cette oeuvre :

 

"Il est évident que sa trop brève existence ( il est mort à 28 ans) aura interdit à Alain-Fournier d'accèder à la plénitude de son écriture. mais il est vrai aussi, que le lieutenant Fournier, comme l'écrivain Alain-Fournier, restera éternellement dans nos coeurs comme un grand frère qui n'avait peur de rien. Et surtout pas de l'action mêlée au rêve et réciproquement. Alain-Fournier tombé au feu quelques jours après Péguy...".

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Enfin, après maints développements enrichis de fortes citations, Alain Sanders termine son évocation par une suggestion qu'on ne trouvera guère ailleurs :

 

"On ne saurait trop conseiller, à ceux qui ont lu un jour le grand Meaulnes et ne s'en sont jamais remis, la lecture du roman d' A.D.G. : " Le grand Môme "

(Gallimard, 1977; en série noire) étonnante " suite", émouvant hommage à Alain-Fournier... cet automne-là, dans le roman d'ADG, les feuilles ne furent pas les seules à mourir en Sologne ".

 

J' ajoute, pour ceux qui ne le connaitraient pas, que sous le mystérieux nom composé des 3 initiales A, D, G, se cache un écrivain d'un immense talent, qui nous a quittés il y a déjà bien des années, et dont le patronyme réel est...Alain Fournier. Il a laissé une oeuvre copieuse et pleine d'énergie dans les romans d'action, dits "policiers", bien que ce qualificatif mutile quelque peu l'étendue de la vision d 'A.D.G., qui fut entre autres un grand partisan et défenseur de l'Algérie Française, proche aussi de Jean Brune, déjà par l'intérêt passionné qu'il portait à la Nouvelle Calédonie. A.D.G. était, en sera-t-on surpris ? également   "Patagon". Comme Alain-Fournier pourrait l'être depuis l'Outre-tombe, lui qui, comme cité plus haut, a su mêler l'action au rêve, et réciproquement.

 

Un dernier mot, à titre de note personnelle.

 

Cela se passe en 1949, à Alger. Et plus précisément, au lycée Bugeaud. J'ai 14 ans, et suis en classe de 3° ( 3° B3 ). j'ai déjà entendu parler du Grand Meaulnes, au milieu de toutes mes lectures. En classe, nous avons un prof de Français-Latin qui est une veritable terreur, Monsieur Vanhoutte. Non pas qu'il soit "violent", mais son humour acéré et cinglant ne nous pardonne aucune faiblesse. Désireux d'instaurer un esprit de compétition dont la raison d'être est l'incitation à améliorer nos propres résultats, il a décidé que nous serions placés dans la salle de classe en fonction de notre classement dans chacune de ses matières enseignées. Une sorte de classement général du Tour de France, en quelque sorte ! Chose " horrible " aujourd'hui, en cas de bêtises et autres, il distribue... des amendes tarifées, dont il encaisse le montant, qu'il met dans une cagnotte; Vers la fin 49, il instaure, avant les vacances de Noël, une sorte de concours festif, avec récompense au bout.  

 

C'est une sorte de Quiz, consistant à trouver le nom propre correspondant, choisi en secret par lui, notamment parmi les élèves, à partir d'une définition astucieuse.

J'en donne un exemple qui, depuis cette époque, n'a jamais été effacé de ma mémoire : définition :   " Un kilo par litre, évidemment ! ". 

Réponse : LOPEZ ( il y avait bien un Lopez en classe... l'eau pèse...1 kg par litre )

 

On planche donc sur un certain nombre de questions de ce type. Puis, examen des résulats. Il apparaît qu'il y a plusieurs ex-aequo ayant donné le plus grand nombre de bonnes réponses ! j'en suis.

 

Alors, M. Vanhoutte nous indique la question subsidiaire, qui doit désigner le seul vainqueur. Ce sera une phrase, ayant bien sûr une certaine cohérence, qui sera composée de 10 mots, commençant tous par la lettre " P". ça se joue évidemment à la rapidité.

 

Et là, ma vie au balcon de la rue Rovigo donnant sur le port, me donne une inspiration soudaine, et j'écris fièvreusement :

" Paul, Partant Pour Paris Passera Par Port-vendres Pour Pouvoir Partir ".  

 

Gagné !!!! Et je me vois aussitôt recevoir le prix :  " Le Grand Meaulnes " d'Alain-Fournier !

de retour à la maison, j'écris sur la page de garde : " j'ai obtenu ce livre avant les vacances de Noêl 1949, en gagnant le concours en français. ce livre a été acheté avec l'argent des amendes que notre professeur de Lettres de 3°, M. Vanhoutte, nous a infligées". Et je signe.

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Pages jaunies, papier "cuit",  il a franchi les années, puis les décennies. il a vécu rue Rovigo, puis pris le bateau en 62. il n'est pas passé par Port-Vendres, mais par Marseille, mais c'était bien "Pour Pouvoir Partir ", n'est-ce pas, petit Pierre, alias Paul, petit frère du grand Meaulnes ? IMG_0001_NEW---Copie.jpg

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3 août 2014 7 03 /08 /août /2014 16:37

Non, il ne s'agit pas de la caravane publicitaire du Tour de France cycliste, pas plus que des chenilles processionnaires qui encombrent notre réseau routier lors des grandes migrations estivales...Je pense plutôt à l'expression qui avait cours au XVIII° siècle dans les familles nobles qui envoyaient leurs rejetons adolescents se forger le corps et l'âme sur les vaisseaux de la " Religion", à savoir la flotte de l'Ordre de Malte croisant en Méditerranée : on disait alors qu'ils allaient "faire leurs caravanes". mais, ce dur apprentissage avait perdu à l'époque une notable part des dangers encourus: le péril turc, stoppé net à Malte en 1565, puis laminé à Lépante en 1571, était surtout un mauvais souvenir, ôtant une grande partie de sa logistique à la piraterie barbaresque.

Les déplacements de l'imposante flotte des Chevaliers, dont les unités étaient soigneusement entretenues , hors Malte, dans les arsenaux de Marseille et de Toulon, avaient pris l'allure de pures visites de prestige, prétexte à de brillantes réceptions, fort prisées des équipages.

 

Mes "caravanes", en cet été 2014, n'en auront  que, mutatis mutandis, les distances parcourues, et une certaine tonalité vagabonde, festive et historique. De Provence en Agenais, puis, par les routes sinueuses du Massif central, une diagonale menant vers les plateaux de Haute Loire, autour de La Chaise-Dieu et de Craponne sur Arzon. Quelques marches en forêt, du côté de Sembadel, dans un décor de western canadien, et puis le Festival de country, marqué par de violents orages...Puis, la fuite en avant quasiment improvisée, sous l'aiguillon de l'Appel du Large. Mais, les intempéries donnèrent à cette quête une dimension initiatique ! Là encore, ce fut par un déplacement faisant une large courbe, depuis les parages du Puy-en-Velay, à travers Brioude, Clermont-Ferrand, Montluçon, Châteauroux, La Châtre, Loches,puis en zig-zag autour de Tours, Saumur, Angers, Nantes...Le crépuscule nous surprit sur le Pont de Saint-Nazaire, nous permettant quand même de voir le navire de la discorde, pris entre le marteau américain et l'enclume russe... Et au fond, l'horizon marin. Loin des plateaux gaulois. Homme libre, toujours tu chériras la mer...Après une nuit de repos familial à Saint-Brévin, reprise de la route, direction les parages du Mont-saint-Michel, à Fougères très exactement, pour la beauté médiévale de la cité, véritable princesse alanguie,tenant salon littéraire autour de son fabuleux château, avec la présence de Chateaubriand, de Balzac, de Victor Hugo, et d'autres auteurs,  et plus encore pour approcher ce Marquis de la Rouerie, dont j'ai eu l'occasion de parler l'an dernier, lors de la sortie du très beau livre que lui ont consacré Alain sanders et Jean Raspail. Là, je me suis senti en pélerinage historique : En avant, Chouan !

Mis à part le château de La Guyomarais, qui se trouve un peu plus à l'ouest, du côté de Lamballe, mais surtout qui est le point d'orgue dramatique de la vie  d'Armand Tuffin, marquis de la Rouerie, que je voudrais visiter, ainsi que la forêt qui l'entoure, comme on se rend à un Lieu de recueillement et de méditation sur la violence abjecte, visage hideux de la démagogie liberticide et nihiliste, j'ai suivi tout le parours qui m'avait été indiqué, tant dans Fougères que dans les environs. je dois dire que je m'y suis retrouvé adolescent....

Enfin, pointe " septentrionale " extrême du périple, ce fut l'embarquement à Granville pour l'archipel des îles Chausey. A quelques encablures du mythique et pourtant bien réel "plateau des Minquiers ", dont j'ai pu deviner la dentelure des rochers émergeant à marée basse. Là, je pense l'avoir déjà dit à plusieurs reprises, se situe l'implantation du Royaume de Patagonie, arraché à la perfide Albion. ( arraché et repris, sans cesse ). A cet instant, les mains en visière pour mieux voir, je n'étais même plus adolescent: j'avais retrouvé le merveilleux de l'Enfance. 

Il ne restait plus qu'à reprendre le chemin du retour. Mais, cela n'a aucune importance.

 

Mais, je prévois la question-reproche que me poseront en pensée certains de mes amis compatriotes d'Algérie : " et l'Algérie, dans tout cela? " " Et nos problèmes ? Nos luttes ? "....

Voilà qui devrait faire l'objet d'un développement spécifique dans ce blog, et qui le fera sans doute sous peu.

Mais, d'ores et déjà, je peux dire ceci :

Je ne pense pas avoir besoin de justifier de mon identité Pied-noire. Pas plus que mon rattachement séculaire à Malte.

Je peux même revendiquer ma filiation littéraire algérianiste, me reliant aux écrivains et artistes " algériens " des années 1920 qui animaient leur revue " Afrique " en proclamant que rien de ce qui était algérien ne leur était étranger. Et pourtant, lorsqu'on feuillette les numéros de cette revue, on y trouve, certes, maints articles relatifs à l'Algérie, mais aussi, bien des textes littéraires et artistiques de portée générale.

C'est la piste que je m'efforce de suivre, en évitant de me replier dans le cachot de la répétition exclusive de notre destin contraire, en fermant les yeux sur le reste de l'existence, sur les évènements passés ou présents auxquels il nous faut bien réagir, sans pour cela cesser un seul instant d'être nous-mêmes, c'est-à-dire "pied-noirs".

Ainsi, c'est en Français d'Algérie que je réagis aux horreurs qui ont ensanglanté Vendée et Bretagne au cours des sinistres années 1793-94, pour ne citer que celles-là. c'est en Français d'Algérie, que je réagis en en ayant les viscères qui se tordent, lorsque je lis - et donc, vis - les atrocités subies par les CRISTEROS au Mexique, entre 1926 et 1935. C'est en français d'Algérie que je réagis à la désinformation officielle à propos de la guerre qui a ravagé le sud des Etats-Unis entre 1861 et 1865, et dans les années qui ont suivi.

Parce que Génocide et Mémoricide sont des mots qui me parlent; des notions qui ne sont pas des abstractions. Et c'est parce que je suis Français d'Algérie que je suis, moi, l'enfant de Malte, Français tout court, et qu'en tant que tel, je réagis très fort aux abominations qui secouent le monde depuis plus de 200 ans, dans sa marche infernale vers le Totalitarisme.

 

Ce sujet est grave. très grave. Et c'est pour cela que je ne ferai pas diversion à mon texte par des images. Mais, si vous en désirez, qui marqueraient ce parcours d'été comme de petits cailloux, dîtes-le moi. Je me ferai alors un plaisir de faire une autre mise à jour, " Spécial-illustrations ".

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1 juillet 2014 2 01 /07 /juillet /2014 15:09

JE SUIS SOLIDAIRE. Y compris dans ce blog, qui défile ses pages dans un environnement intimiste de "petit musée", d'anecdotes diverses, de souvenirs personnels, de récits de voyages, de recensions de livres...bref, tout un ensemble qui tient un peu du puzzle, en vue de la lente et vagabonde reconstitution d'une identité...Ce fut là mon choix initial, qui présida à la création de MALTALGER - pour Malte et pour Alger, avec la France pour fléau...de la balance. Et je maintiens ce cap. j'estime en effet qu'il y a suffisamment de sites sur la toile qui sont consacrés aux incessants combats qu'avec les miens nous devons mener. ces sites, je les reçois, je m'y plonge, je m'y joins - ne suis-je pas devenu, comme bien des nôtres, un habitué des pétitions ? Les seules choses auxquelles je ne participe pas, ce sont, soit les surenchères radicales, soit les querelles intestines, surtout lorsqu'elles sont assorties d'anathèmes contre des frères.

 

IL N'EMPÊCHE QUE JE SUIS SOLIDAIRE. DANS LA LIGNE DU FAMEUX  "ONZIEME COMMANDEMENT".


 Et aujourd'hui, nous sommes le 1er Juillet.

Je n'oublierai jamais ce matin du 1er juillet 1962 :

J'étais à Alger, mais je n'étais plus chez moi (on avait du changer de quartier," par sécurité " ).

J'étais en civil, mais j'étais militaire.

J'étais citoyen - j'allais le prouver en votant ce matin-là - mais je savais l'inanité ubuesque de la chose, car le soir-même, je serais un  étranger.

J'étais dans ma Ville, mais le lendemain, elle aurait expiré, ayant perdu son âme tricolore.

J'étais éveillé, mais je vivais un mauvais rêve, un cauchemar au ralenti, dans un silence pesant précédant l'explosion inimaginable,dantesque, d'un tintamarre infernal dans les jours qui suivraient.

J'avais 27 ans depuis 3 jours, mais j'étais devenu vieux.

J'allais et je venais, mais, lorsque je me réveillerai le lendemain, au bout de la nuit, je serai devenu un MORT-VIVANT. 

Le cours de ma vie s'était jusque là déroulé dans la continuité, mais il y aurait désormais un AVANT et un APRES.

 

Le récit de ces journées a été fait, refait, et le sera encore, inlassablement, tant qu'il restera un des nôtres. Parce que la Vie continue, et qu'il y a toujours, et même: de plus en plus, à lutter...à Témoigner.

Et c'est cela qui, même meurtris, nous donne la force de réagir. Sans négliger aucune piste, aucune forme d'expression, aucun thème, fût-il en apparence anodin. Rien n'est à négliger. Quand c'est à la fois à une terre et à une existence qu'on a été arrachés, tout ce qui concerne cette terre et cette existence, même dans ses aspects les plus humbles, est revêtu de SACRALITE. Il y a bien sûr de très grands sujets, qui ont une importance capitale, au-dessus du lot, mais il n'y en a pas de "petits", qui seraient indignes d'être traités.

Nous ne devons pas être paralysés par le déséquilibre des forces en présence. je lisais ce matin dans l' éphéméride du jour publiée par "le salon beige" :  " Lettre du Père de Foucauld à René Bazin, du 1er juillet 1916 : " ...Si nous n'avons pas su faire des français de ces peuples, ils nous chasseront: le seul moyen qu'ils deviennent français, c'est qu'ils deviennent chrétiens. Sinon, avant cinquant ans nous serons chassés de l'Afrique du Nord ".  Texte archi-connu...parmi nous, mais qu'on ne méditera jamais assez. Parce que, parties d'une observation en profondeur, ces annonces ont acquis une dimension prophétique , d'une exactitude stupéfiante : avant 50 ans... Ce fut 46 ans après. 

Et nous ferions bien de décrypter, au moins en partie, la situation présente ici même, à la lumière de leur enseignement...

Merci donc au salon beige d'avoir évoqué le Bienheureux Père de Foucauld en son texte capital, si peu de temps avant son martyre.

Mais, comment ne pas remercier également notre compatriote du Maroc, sur le rempart...et dans les embuscades, depuis tant d'années, qui se regroupent maintenant en décennies, Alain SANDERS, du journal PRESENT, quotidien de haute lutte, pour son inlassable action " Partout où le combat fait rage" ( comme dit le Chant de la Légion ), témoins, à titre de simple exemple, ces manchettes-choc du journal du 25 juin :  "FELLAGHAS ET VIET dans le défilé du 14 juillet: il faut maintenant passer à la vitesse supérieure ! " et, à la date de demain : "Drapeaux verts FLN, drapeaux rouges Viet-Minh sur les Champs ! VA-T-ON ACCEPTER L'INACCEPTABLE ? "

D'autres Vecteurs aussi nous aident, mais j'ai voulu donner un "coup de chapeau" à l'Ami Alain, qui le mérite fort, lui qui en donne de temps à autre...entre deux "coups de gueule", toujours dans "Présent", ce qui est particulièrement roboratif !

Un dernier mot pour cette fois : la date du "referendum" de pseudo-autodétermination, sinistre pantomime destinée à faire croire ( à qui voulait bien le croire ) qu'un cadre juridique   était donné à la soi-disant accession de l'Algérie à l'indépendance, n'a pas été choisie au hasard. Et arrêtée évidemment d'un commun accord entre les complices d'Evian : vote , entrée du GPRA dans Alger, date officielle de l'Indépendance, ont bouclé, entre le 1er et le 5 juillet 1962, l'EFFACEMENT HISTORIQUE de la capitulation du potentat turc d'Alger en 1830, exactement au même moment de l'année. 

 C'est dès ces journées effroyables (Ô, Alger, la souillée, Ô Oran l'ensanglantée !) qu'a commencé l'entreprise d'anéantissement par dénaturation de notre histoire algérienne. Mais nous sommes là pour porter témoignage, devant les hommes comme devant l'Eternel.

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21 juin 2014 6 21 /06 /juin /2014 14:50
  • 21 Juin, nous voilà en été ! Ce fut pour moi toujours une date empreinte de MAGIE...L'Eté, le terrible été algérien commençait, nous faisant entrer dans le Royaume du Soleil...Un SOLEIL COLONIAL, comme le titre flamboyant d'un superbe roman de Maïa Alonso qui vient tout juste de paraître, et que je vous recommande... Chaudement ! Et dont nous aurons certainement l'occasion de reparler !

  • Moments de dispersion aussi, même "Là-Bas"...Il y avait ceux qui "partaient en France " pour prendre des vacances, et ceux qui restaient là, à leur travail, ou chez eux...et sur les plages les plus proches. Moments de détente aussi, même inconsciente.

  • C'est en pensant à cette nécessaire " détente", à savoir une halte, une parenthèse dans le rythme quotidien, qu'après toute une séries de mises à jour " studieuses", très "écrites", je propose aujourd'hui de simples illustrations, poursuivant toutefois la revue de ce que mon ami Hervé appelle : " mon petit musée " personnel. Mais cette fois, après " MA VITRINE " , voici quelques "PEINTURES ET DESSINS" de mon cru.  
  • J'espère qu'au moins querlques unes vous plairont, et que l'ensemble bénéficiera de votre indulgence.003

 

cette image associe 2 univers : le tableau (dans les 80 de long sur 60 de haut, cadre compris ) représente le Grand Sud. Un jour aux Puces de Paris (au début des années 80), j'ai eu le choc pour ce cadre "berbère" en bois de cèdre, entourant une huile représentant un coin de Tipasa, mais d'assez médiocre facture, genre " croûte "sur contreplaqué. Je l'ai payé 100 fcs, j'ai retourné le contreplaqué, et j'ai peint( à l'huile) ce que l'on voit, qui est une copie d'une reproduction du peintre Jean Bouchaud, qui fut pensionnaire de la Villa Abd-el-tif en 1921, que j'ai trouvée dans un numéro de "l'Illustration" de 1930. J'ajoute que, bien que j'aie peint cette scène de notre grand Sud algérien exclusivement à usage personnel, j'ai précisé la chose en bas et à droite du tableau.

Mais, devant ce tableau, se trouve ce grand voilier, sur lequel je navigue depuis ma plus tendre enfance. De taille respectable, aux détails minutieux (il comporte entre autres 4 couchettes avec lits recouverts de satin grenat, avec polochons assortis, SVP ! ), il fut l'oeuvre de notre voisin du dessus, au début du XX°, et, une fois terminé, flotta sur le plan d'eau du Sport Nautique d'Alger. Je le voyais chaque fois que j'allais chez ces voisins apprendre des rudiments de Latin...et de piano ! Puis, son créateur décédé, sa veuve m'offrit cette merveille qui, à l'époque, portait toute son imposante voilure.

Mon père avait bâti exprès pour lui une grande étagère en briques, scellée au mur de notre vestibule , à environ 1,50 m du sol. c'est dire que le voilier se dressait haut !

Mais voilà, un jour d"hiver où soufflait méchamment la baffagne, et où l'ouverture de nos fenêtres à la fois côté rue et côté port avait provoqué un violent courant d'air, le bateau, qui avait bien sûr sa voilure, " senvola" littéralement de son carénage, pour s'abattre lourdement sur le carrelage  de tomettes rouges et jaunes. ce fut un désastre, et on y vit un signe du Destin. Ah oui, je précise : on était en hiver 61-62.... 

 

Bien des années plus tard, dans un HLM d'Issy-les-Moulineaux, mon père, retraité mais qui avait  gardé des doigts d'or, entreprit de le restaurer : il y avait à peu près tout à refaire, sauf la coque, qui avait bien resisté. un exemple : le grand mat, que l'on voit en partie, a été tiré...d'un manche à balai ! Idem pour le beaupré, etc...mais, les voiles déchirées, et à vrai dire, au tissu " cuit" par l'âge (datant d'environ 70 ans), irrécupérables, ne purent être remplacées. Quelle leçon à propos de notre destinée ! Ce navire, superbe et vénérable, qui jadis fendit les eaux calmes et royales de la darse de l'Amirauté, qu'un grand vent venu de l'extérieur fait basculer dans le vide à l'aube de 1962, et se fracasser au sol ...puis, après tentative de réparation, recouvre sa silhouette mais ne retrouve pas ses voiles, définitivement arrachées !!!

 

Ah, ça mais ! Allez-vous me mettre un carton rouge ? voilà que je vous avais promis des illustrations sans parole ( ou à peu près ça ), et voilà que je ne maîtrise pas mon bavardage !  

Pourtant, c'est quand même quelque chose ! je n'avais VRAIMENT pas prévu de commentaire, mais, c'est égal, c'est fou ce que peut suggérer d'évocations une simple image d'un coin de mur, dès lors qu'on laisse s'exprimer un peu !!!

 

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 Allez, pour nous dégager d'une NOSTALGERIE trop prégnante, partons loin, très loin! Ici, cette peinture ( acrylique ) à la "va vite" de l'envoûtante MONUMENT VALLEY, réalisée au retour d'un voyage dans l'OUEST AMERICAIN, en 1984

 

Et un retour en Europe, via le Port de MARSEILLE, interprêté à partir d'une photo N&B prise en 1932 ou 34, sans doute par H. Cartier-Bresson. J'ai été fasciné par ces 2 grands navires de Messageries Maritimes, les fameux " CHAMPOLLION " et " MARIETTE PACHA".

Huile sur papier, réalisée au couteau, dans les années 80...             052

 

Et maintenant, pour terminer....provisoirement cette "Galerie", passons à quelques dessins REALISES SUR LE MOTIF :  ce fut à l'occasion de mon 1er retour sur la terre d'Afrique du Nord, en Tunisie - précisément à DJERBA, au cours de l'été 75 ( oui, en plein mois d'août ! j'avais besoin de retrouver " ça" !!! )

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7 juin 2014 6 07 /06 /juin /2014 18:37

001                                 Tamanrasset : le bordj du Père de Foucauld. peinture de Paul-Elie Dubois, 1928

 

                        PASSAGE DE TEMOIN ALGERIANISTE 

 

 

L’année 2013 a été celle de grands anniversaires pour tous ceux des nôtres qui n’ont pas oublié notre Algérie, ou laissé ternir son image. Elle a vu en effet le centenaire de la naissance d’Albert Camus, et, pour tous ceux qui perpétuent le message fort que le groupe d’écrivains et artistes français d’Algérie ( à l’époque, on les appelait tout naturellement «  les algériens » ) avait délivré au début du vingtième siècle sous le vocable d’Algérianisme, il s’agissait de célébrer le quarantième anniversaire de la fondation du Cercle Algérianiste, marquant un passage de témoin riche de signification entre Jean Pomier, « l’algérien » de 1920, et Maurice Calmein, «  l’algérianiste » de 1973.

 

C’est donc dans un esprit de nouvelle transmission que mon ami Maurice Calmein, président fondateur du cercle algérianiste, a eu l’idée de réunir quelques «  Anciens » pour, en pleine corrélation avec les cérémonies officielles du Cercle Algérianiste National, Fédération de quarante cercles locaux et régionaux, qu’ils s’expriment sur leur vision du devenir de l’idée algérianiste, au moment où les limites de la longévité humaine rendent nécessaire et inévitable un nouveau «  passage de témoin ». 

 

Prenons soin de préciser qu’il ne s’agissait aucunement d’élaborer une quelconque «  charte » ou un nouveau «  Manifeste », mais seulement de rassembler quelques témoignages et visions de l’avenir, rédigés séparément, d’une part pour éviter toute interprétation fâcheuse de cette initiative, d’autre part pour que chacun s’exprime brièvement en fonction de son expérience et de son tempérament, bref, de sa personnalité propre.

 

Pour l’instant, alors que 2014 est venue reléguer 2013 dans un passé certes récent mais qui s’éloigne inexorablement, le projet n’a pas encore abouti. Qu’importe ? Puisse cette publication, en livrant aux abonnés de « Maltalger » le point de vue – une réaction de « premier jet » - de Pierre Dimech, donner envie à ses amis de faire de même. Il n’y aura jamais, venant des nôtres, trop de témoignages. Celui-ci prend la forme d’une libre lettre, qui, s’il y était répondu, pourrait être suivie de quelques autres, adressée à un « successeur inconnu". D’où l’image de la « Bouteille à la mer ». Parce que l’indispensable action volontaire ne peut tout, et qu’il faut s’en remettre au Destin.

 

                                                                           Le blog maltalger

 

 

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      UNE BOUTEILLE CONFIEE

                  AUX VAGUES

 

Nous sommes en 2013. L’association culturelle de Français qui furent d’Algérie  - et qui le restent de par leur naissance et leur mental, mais c’est leur Algérie qui n’est plus – qui a nom «  Cercle algérianiste, a 40 ans. Jean Brune est mort il y a aussi 40 ans, et Albert Camus, cette année, aurait eu 100 ans.

 

Il y a un demi-siècle et un an, eut lieu cet évènement qui nous arracha, moi et tous les miens, à notre Terre natale, cette Algérie de tous les mirages, de tous les délices, de tous les orages, et de l’ultime précipice, et qui est à l’origine, cause initiale, à la fois lointaine et actuelle, de ces lignes que je t’adresse, à toi mon lecteur ou lectrice inconnue, toi chair de ma chair à travers les générations, ou toi mon étranger, toi de France ou d’ailleurs, toi enraciné quelque part ou toi de nulle part, à une époque que je ne peux prévoir, moins que jamais maître de l’avenir, mais à un futur qui pour apaiser mon imaginaire blessé sera l’Au-delà de ma mort.

 

Je serais bien tenté de présenter, une fois de plus, notre histoire, épreuve toujours inaboutie mais toujours recommencée, histoire qui est celle d’une communauté humaine qui surgit de rien, comme un « accident – mais l’histoire n’est-elle pas une suite « d’accidents » ?, qui juxtaposa puis rassembla une diversité de provenances – «  Il y avait là des hommes de toutes les nations » , lorsque l’Europe, il y aura bientôt 200 ans, déversait son trop-plein à travers le monde…Mais, vois-tu, je crains que ce ne soit là que vaine entreprise. Tant d’autres ont écrit à son sujet, des pires, pour la plupart, et ce sont les plus connus, mais aussi quelques « Justes », qu’il faut savoir retrouver dans l’enfer des bibliothèques comme dans les brocantes. Cette « bouteille à la mer » est venue dans les filets de ton attention. Cela suffit. Autant alors aller droit au but.

 

Lorsque tu liras ces lignes, cette communauté à laquelle j’appartiens, et qui s’enfonce désormais dans le septentrion de la vieillesse, aura disparu de la terre. Physiquement disparu. Ce qui ne veut d’ailleurs pas dire que ne seront pas encore de ce monde tel ou tel survivant né au sud de la Méditerranée avant la fin de l’an de disgrâce 1962, individus isolés ou poussières de groupes.  

 

Toutefois, elle laissera des traces, certes pas dans les livres d’histoire, les « officiels », ceux qui ont été conçus et réalisés par un clan, celui qui n’  a jamais cessé de nous dénigrer, et même, n’a jamais cessé de nier notre existence. La raison en est simple : notre existence, à elle seule, aura toujours été ce grain de sable qui a enrayé leur machine à désinformer.

Non, ces traces, tu pourras les retrouver, éparses, à travers la prolifération des sources, et tu pourras déjà te faire une idée de ce qui fut, si tu le désires et que tu t’en donnes la peine. 

 

 

Algerianisme 0001


 

revue des Algérianistes des années 20, "ancêtre" de la revue du cercle algérianiste d'aujourdhui. Bulletin mensuel de Critiques et d'Idées.

 

Elle se définissait comme  "UN ORGANE COMMUN D'OPINIONS INDIVIDUELLES""

 

 

 

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                    2° édition, en avril 1978, du              MANIFESTE du CERCLE ALGERIANISTE

 ( 1° édition, en janvier 1974 ):    

 

          "POUR SAUVER UNE CULTURE EN PERIL"

 

 

 

 

 

 

Mais, je te suggère aussi de partir à la recherche d’une trajectoire plus précise, qui s’inscrit d’ailleurs à l’intérieur de la grande « saga » de ces « pieds-noirs », communauté assassinée, mais aussi « Peuple mort-né » qui aurait pu vivre au moins quelque temps si le souffle d’une poignée d’hommes et de femmes de cette terre algérienne, qu’ils aimaient appeler «  Afrique » avait trouvé à se répandre parmi les élites de cette communauté. Ils avaient choisi de s’appeler « Algérianistes » parce que les Français loyaux qu’ils étaient, nés sur cette terre  d’Afrique, ou adoptés par elle, estimaient de tout leur esprit comme de toutes leurs tripes que rien de ce qui était relatif à l’Algérie leur était étranger. Leur ambition était vaste, à la mesure de leur horizon familier. Elle était audacieuse, à la mesure de leur goût pour l’action et le travail en force. Elle s’enracinait dans le passé de cette terre, mais ils fixaient l’avenir d’un regard optimiste et volontaire. Mais, leur vision fut éphémère, prise de court par l’accélération du temps et la fureur des hommes. Leur rêve fut carbonisé dans les combats qui mirent le feu au monde, leur idéal frappé mortellement par le poignard d’un futur fléau, parti du désert, alors caché par les jeux sanglants des monstres jumeaux  de Moscou et Berlin. 

 

Nés au début du siècle passé pour devenir le chef d’orchestre d’une Algérie moderne en devenir, les algérianistes, organisés pour cela à l’issue de celle qu’on appelait imprudemment « la der des der », au sortir de celle qui suivit, la grande conflagration mondiale, n’y occupaient plus qu’un modeste strapontin. Le mal qui emporterait l’Algérie Française courait déjà dans ses veines, et l’algérianisme n’y pourrait rien. Restait le projet, qui avait suscité un fol espoir d’un (trop) petit nombre.

 

Alors, lorsque tout fut consommé, et que l’Exil fut la suite logique de l’Exode sans espoir de retour, la résurgence du mot « algérianiste » fut comme celle d’une rivière que l’on croyait définitivement engloutie dans les entrailles de la terre. Résurgence du mot, pour la fidélité. Mais sur un nouveau concept, par la force des choses. Commença une nouvelle aventure, comme avait débuté la première : sur un pari. Ce ne pouvait plus être une vision de l’Algérie ; ce fut de se considérer, dans l’infidèle  métropole, comme «  des provinciaux sans Province ». Pour, en contre-culture, contre celle de la  mort d’une population, faire œuvre de vie maintenue. Et pour clamer la Vérité. Contre le mensonge d’Etat, repris à tous les niveaux.

 

Et cette aventure dure toujours. Au début, on ne donnait pas cher de sa durée, y compris chez nombre de nos compatriotes d’Algérie. Vingt cinq ans après, on participa à la grande Fête niçoise, dans une euphorie qui aurait pu tout aussi bien être un Chant du Cygne. Puis, la fin du siècle se rapprocha, déclenchant chez beaucoup de gens un réflexe millénariste, encouragés par tous les histrions médiatiques. Mais, on était toujours là.  On recula la borne à 2010 – toujours ce culte des chiffres ronds, faciles à retenir – mais il fallait être là pour le cinquantenaire de notre Exode…Et cet anniversaire est déjà derrière nous.  D’autres se profilent, symboliques mais lointains : le centième anniversaire du lancement du mouvement algérianiste à Alger, et d’autres que je ne citerai pas autrement que par un énigmatique « 1830 – 2030 ». Mais là, nous entrons dans l’aléatoire, du moins la plupart d’entre nous. 

 

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                        Alors, que dire d’une troisième aventure du vocable

«  algérianiste » ? Prenons garde de ne pas nous griser de mots pour eux-mêmes, pour leur propre magie, de mots-mirages.  Les mots certes ont leur importance, qui est d’être avant tout des symboles. Mais, il importe de ne pas se contenter de cette vitrine : il faut aller à l’intérieur de ce qu’ils recouvrent.  L’Algérianisme qui devra suivre, et qui, dans une certaine mesure, a déjà entamé sa gestation dans la discrétion et la dispersion de ceux qui sont partis sur sa piste, sera donc un « Algérianisme du troisième type ».

 

Je n’aurai garde ici de tenter de le définir, car ce serait renier ce que je viens d’écrire, et  pire, décider aujourd’hui, non seulement de ce qui sera ou ne sera pas demain, mais surtout un demain dont je ne ferai pas partie. 

 

Mais je gage qu’il sera différent, par la force des choses, de l’algérianisme des « Pères fondateurs », du temps de l’Algérie française vivante, et aussi, de « l’algérianisme en exil », qui fut nôtre, voulu et vécu par des gens de ma génération qui avaient mal à cette terre à laquelle ils venaient d’être arrachés, mais qui avaient résolu, reprenant quelques idées-forces des  algérianistes enracinés, telle la vertu de l’étude active et de l’action pensée, de maintenir, envers et contre tout, envers et contre tous, la flamme que le soi-disant « vent de l’ Histoire » avait failli éteindre.

 

Et, sans prétendre le définir,

je pense qu’il s’agira d’un « Algérianisme de traces ». 

 

Mais alors, que laisser comme trace ? – car c’est bien de cela qu’il s’agit ! Moins une trace « politique » qu’une trace tout simplement « humaine », celle d’une Civilisation solaire, entre empire de la Mer et empire des Hautes Terres brûlées de lumière, djébels, steppes et désert, qui vit l’aventure éphémère  mais ancrée dans des souvenirs forts de lointains prédécesseurs, d’hommes et de femmes énergiques, animés d’un esprit de conquête non sur des territoires , voire sur d’autres hommes, mais sur l’adversité, et donc sur eux-mêmes, et qui furent liés entre eux, pour les meilleurs jusque dans l’exil, « par un sourire, un clin d’œil ou un silence », comme disait Jean Brune, sourires échangés et silences partagés entre eux les unissant comme des croyants réfugiés dans les Catacombes, y sacralisant les gestes les plus simples de leurs vies…Et Brune de poursuivre : «  Nos catacombes, c’est cette odeur de brochettes…qui m’a toujours paru encens de cérémonie rituelle. Camus me disait «  c’est l’encens des barbares que nous sommes ». Et nos catacombes, c’est l’écho d’une voix qui met le verbe à la fin de la phrase ou qui rit comme mon ami Pons dont Bab-el-Oued disait qu’il «  riait en espagnol ». Ce n’est pas tout : c’est l’infinie pitié pour nos victimes, qui pour les autres sont des coupables, et c’est notre respect pour les violences des nôtres, qui pour les autres sont des crimes. C’est cette sorte de solidarité instinctive qui nous lie, tous dressés contre l’adversaire, même s’il nous arrive de penser qu’en telle occasion les nôtres ont eu tort… ». 

 

Nous avons quitté le sol natal, comme on dit : « avec deux valises ». Mais en réalité, nous avons emporté un trésor, que nul policier, nul douanier n’a pu découvrir : et pour cause ! Nous ignorions nous-mêmes que nous l’avions, car il était en nous. C’est là le secret de la naissance, puis de la croissance, et, dans une certaine mesure, de la réussite, de notre entreprise, en dépit de toutes nos lacunes, du temps perdu, des occasions gâchées.

 

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C’est en puisant dans la sève de ces souvenirs  pour en extraire  la conscience de cette jeunesse d’un peuple qui ne demandait qu’à vivre, de cet élan brisé,  de ce mélange de force et de faiblesse, de cette flamboyante parure d’Eternité posée sur l’autel sacrificiel de l’éphémère, que vous partirez sur les traces des vôtres, à la recherche de vous-mêmes.

 

Alors, en dépit de toutes les déperditions d’énergie et de substance, rançon des grandes transitions générationnelles, aggravées aujourd’hui par les inquiétantes mutations que notre monde subit, vous, qui allez nous succéder, à votre tour, vous entrerez en piste.


 

    A toi mon lecteur  de mon sang ou d’adoption, à toi de jouer !

 

 

 


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